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jeudi 5 mars 2020 à 8h

L'Université et la recherche s'arrêtent!

Facs et labos en lutte contre la réforme des retraites et pour une recherche et un enseignement publics, gratuits et émancipateurs pour tou·tes

Contre la LPPR, contre la réforme des retraites, une journée d'action "Université Vivante" est organisée !

L'idée est d'arrêter les activités habituelles de l'Université et de proposer des activités d'une Université Vivante

Programme (détails à venir) de la journée :
9h-11h : débrayage, animations et débats sur les réformes du service public, trocs de graines et de plantes, animations musicales...
11h : Assemblé Générale à la Maison de l'Université
12h30 : Pique nique et barbecue géant
13h30 : remise des démissions administratives et des motions contre la LPPR et la réforme des retraites
14h : manifestation interprofessionnelle au départ de l'université.

Suivre l'actu: https://www.facebook.com/events/6243700283474…

Page Le Mans Université en Lutte: https://www.facebook.com/Le-Mans-Université-e…

Pour des conditions d'études, de travail et de retraites dignes pour toutes et tous !

Dans la continuité du mouvement interprofessionnel initié le 5 décembre, la coordination appelle à la grève contre la casse des retraites, la réforme de l'assurance chômage, la sélection à l'université (ParcourSup), l'augmentation des frais d'inscription et en particulier pour les étudiant·es extra-européen·nes (Bienvenue en France), la réforme de la formation des enseignant·es, et le projet de Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR), qui, dans l'esprit de la Loi de Transformation de la Fonction Publique de 2019, va achever la destruction du service public de l'enseignement et de la recherche. Nous savons que ces logiques néolibérales ne sont pas propres à notre secteur. Elles frappent avec violence tous les secteurs publics et s'intensifient dans les secteurs privés : mise en concurrence systématique, sur-travail et travail gratuit, dérives managériale et autoritaire, perte de sens du métier et de son utilité sociale, maltraitance et souffrances des agent·es comme des usager·es, course à la rentabilité, recul de la solidarité, précarisation, bureaucratisation, répression, division internationale inégalitaire du travail scientifique, discrimination selon le genre, la classe, la race, le handicap, la nationalité, l'âge, l'orientation sexuelle et l'identité de genre, etc. La précarité structurelle et la dégradation des conditions de travail, d'étude et de vie, qui touchent les acteurs et actrices du privé comme du public, affectent d'ores et déjà le monde universitaire.

En effet, l'université et la recherche reposent aujourd'hui sur le travail gratuit, l'exploitation et l'invisibilisation d'un ensemble de travailleur·ses : membres du personnel d'entretien, de sécurité, de restauration, dont les tâches sont massivement sous-traitées ; membres du personnel technique et administratif ; soignant·es et travailleur·ses sociales·aux ; étudiant·es ; doctorant·es et post-doctorant·es, vacataires d'enseignement et de recherche. Ici comme ailleurs, cette précarité, qui touche prioritairement et plus durement les personnes appartenant à des groupes discriminés, peut se traduire par le mal-logement et la malnutrition, le manque d'accès aux soins et aux produits de première nécessité, la mobilité forcée, des souffrances psychiques (burn out, dépression, anxiété, etc.).

Malgré les déclarations d'intention, cet ensemble de réformes n'offre aucune solution à cette précarité généralisée mais, bien au contraire, l'aggrave. La réforme des retraites, dans un milieu marqué par des carrières tardives et hachées, viendrait prolonger ces situations de précarité après l'arrêt de l'emploi. Avec la réforme de l'assurance-chômage, qui cible les contrats courts, les précaires de l'enseignement et de la recherche voient leur situation s'aggraver. La Loi Pluriannuelle de Programmation de la Recherche (LPPR) en préparation dégraderait les statuts et les conditions de travail (CDI-chantier, tenure track, généralisation du financement sur appel à projets…). La sélection à l'entrée et l'augmentation des frais d'inscription à l'université détérioreraient encore davantage les conditions d'étude et de vie des étudiant·es, en particulier étrangèr·es.

Contre cette vision néolibérale et autoritaire, contre la marchandisation des savoirs, nous voulons un véritable service public d'enseignement et de recherche, intégré à une éducation publique de qualité de la maternelle à l'université, financé à la hauteur de ses besoins grâce à un plan d'investissement massif jusqu'à 1% du PIB pour la recherche publique. Contre la prolifération des emplois précaires, nous voulons un plan massif de titularisation et de création d'emplois statutaires. Contre la précarité étudiante, nous voulons la mise en place d'un salaire étudiant. Contre l'extractivisme scientifique et la colonialité de la recherche et de l'enseignement, nous voulons des relations scientifiques et universitaires fondées sur le partage et la co-construction des savoirs ainsi que sur la libre circulation des personnes. Contre la compétition généralisée, les logiques d'exclusion et de discrimination, nous voulons une université ouverte à tout·es, fondée sur la coopération, productrice d'émancipation collective et de justice sociale.

Jusqu'au retrait de l'ensemble de ces réformes, nous continuerons la lutte aux côtés de nombreux autres secteurs, en nous mobilisant au sein de l'enseignement et de la recherche, comme dans les actions interprofessionnelles. Nous condamnons absolument les violences policières et la répression qui s'abattent sur les mouvements sociaux, comme elles frappent déjà constamment les personnes les plus précarisées et les plus discriminées. Face à l'obstination et à la violence du gouvernement, nous appelons à poursuivre et étendre la grève reconductible dans l'enseignement et la recherche !

Motion de la coordination nationale des facs et labos en lutte réunie les 1er et 2 février 2020 à Saint-Denis