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samedi 1er décembre 2018 à 9h

Travail et utopie : Une journée de partage des savoirs et expériences sur les techniques et dispositifs de décision collectives

« Pour entretenir de l'herbe dans le désert, il faut être d'une vigilance inhumaine ! C'est pour ça qu'il faut être plusieurs - non pas des surhommes, mais plusieurs à ne pas trop déconner, à ne pas avoir trop d'illusions idéologiques et se prendre pour je ne sais quoi. » Jean Oury La décision, Séminaires 1985-1986

Cette journée aura pour toile de fond quelques siècles de « luttes et de rêves2 » au cours desquels des gens ont expérimenté d'autres manières de travailler -d'être- ensemble dans des modes de coopérations multiples et infinis, en éprouvant, au quotidien, des liens d'égalité et d'horizontalité. Anne Flottes décrit ainsi des tentatives « précaires et imparfaites, des situations où les exigences vitales de solidarité rencontrent les manques et les désirs subjectifs d'existence sociale.3 »

Des lieux de soin, des bars, des écoles, des fermes, des journaux, des ateliers, des espaces tissés dans et par la vie quotidienne cherchent, doutent, pensent, construisent et produisent autrement, avec de l'autre, du temps, du vide. À des années lumières, donc, d'un monde de « nécropoles » ne proposant que « le stade du mouroir4 » comme unique horizon, ces tentatives, innombrables et hétérogènes, font manger le sable aux zombies de l'ordre établi.

Avec comme points de départ -de désir- au sein de ces tentatives et expériences, des préalables tels que la solidarité, le collectif, l'autogestion, l'égalité salariale, nous poserons la question des décisions collectives. Comment se prennent-elles ? S'il existe souvent un lieu de décision (réunions, conseil coopératif…), par quoi cheminent-elles ? Par où s'échappent-elles ? Quelles places, quelles circulations (de parole, d'affect, d'argent), quel jeu et quelles articulations existent entre elles (quel espace, quel temps, quel liens). Qu'est-ce que cela produit et qu'est-ce que cela transforme ? Et surtout, qu'est ce qui ne marche pas ? Quelles impasses, ratés, difficultés et autres complexités surgissent ? Au fond, que se passe-t-il en creux lorsque l'on pense décider ensemble ?

À partir du livre de Anne Flottes, Travail et Utopie et du séminaire de Jean Oury, La décision (1985-1986), nous tenterons de mettre en discussion ces différentes strates et ces « faisceaux de décisions » avec des salarié.e.s de collectifs de travail qui ont inventé et développé des savoir-faire décisionnels horizontaux. En présence de représentants de la menuiserie Ambiance bois, des restaurants lyonnais Le court-circuit et Le Bieristan, de la revue Jef Klak… ainsi que de Sophie Legrain, éditrice aux Editions d'une, et Olivier Apprill, psychanalyste, nous appuyant sur l'analyse sociologique du « travail vivant » de Thomas Coutrot, économiste, auteur de Libérer le travail.

« Les constructions pacifiques et ingénieuses, qui nourrissent les coopérations dans la vie quotidienne sont bien plus redoutables pour l'ordre établi que les déclarations enflammées. Anne Flottes, Travail et Utopie

1 Jean Oury, La décision, Séminaires 1985-1986 (La Borde-Ste Anne), Paris, Editions d'une, 2018

2 Michelle Zancarini-Fournel, Les luttes et les rêves, Une histoire populaire de la France de 1685 à nos jours, Zones/La Découverte, 2016

3 Anne Flottes, Travail et Utopie, Réinventer des coopérations subversives, Paris, Editions d'une, 2017, p.9

4 Hélène Chaigneau et Jean Oury, Hiérarchie et sous-jacence (1991-1992), Collection Boîte à outils, 2014, p.72

Source : http://lafonderie.fr/la-fonderie/Ouvertures/a…
Source : message reçu le 8 novembre 11h